Sur cette image, on voit quelqu'un qui essaie de réparer la manette de sa console Nintendo Switch. Les manettes, qu'on appelle des Joycon, ont souvent des problèmes depuis la sortie de la console en 2017. Par exemple, parfois, les personnages dans les jeux se déplacent tout seuls sans que le joueur fasse rien. C'est pour ça que certaines personnes accusent Nintendo de faire de l'obsolescence programmée, c'est-à-dire que les manettes sont conçues pour tomber en panne après un certain temps. Si ça arrive, certains joueurs essaient de réparer leurs manettes eux-mêmes avec de l'air comprimé ou un produit spécial. Mais on peut aussi envoyer les manettes à Nintendo, qui nous renverra soit les manettes réparées, soit de nouvelles manettes.
L’obsolescence programmée, c’est quand des fabricants rendent leurs appareils (comme des télévisions, des consoles de jeux ou des ordinateurs) moins durables, pour que les gens soient obligés d’acheter un nouvel appareil plus vite. Cela veut dire qu’ils fabriquent des objets qui tombent en panne après un certain temps ou après plusieurs utilisations, afin que les consommateurs n’aient pas le choix et achètent un nouveau modèle.
De nombreux appareils sont touchés par l’obsolescence programmée. On peut notamment évoquer les imprimantes et surtout les cartouches d’encre qui contiennent des puces bloquant l’impression au-delà d’un nombre défini de feuilles. Depuis 2006, ce système est interdit par l’Union Européenne. On observe également de l’obsolescence programmée sur les téléphones. En effet, de nouveaux modèles sortent régulièrement ainsi que de nouvelles mises à jour.
Certaines mises à jour ont pour but de ralentir les anciens modèles de téléphone pour inciter les consommateurs à acheter un modèle plus récent. En 2018, l’Italie a d’ailleurs condamné Apple et Samsung à payer des amendes importantes pour obsolescence programmée. Il semblerait également que les manettes de la PlayStation 5 rencontrent le même problème que les manettes de Nintendo Switch après seulement 400 heures de jeux sur la console.
NON, l’obsolescence programmée n'est pas un concept nouveau ! En fait, ce phénomène existe depuis très longtemps, bien avant l’arrivée des appareils numériques.
C'est en 1925 que des responsables de grandes entreprises, que l'on appellera le cartel Phoebus, se sont réunis et prennent une décision importante : ils ont décidé que les ampoules électriques ne devraient plus durer plus de 1000 heures. Avant cela, certaines ampoules pouvaient durer beaucoup plus longtemps ! D'ailleurs, dans une caserne de pompiers en Californie, une ampoule installée en 1901 brille toujours ! C'est la plus vieille ampoule au monde !
L'objectif du cartel Phoebus était simple : faire en sorte que les gens doivent acheter de nouvelles ampoules plus souvent, pour que les entreprises gagnent plus d'argent. C’est ainsi qu’est née l’obsolescence programmée. Alors, même si aujourd’hui, on parle beaucoup de ce phénomène avec les technologies modernes, l’obsolescence programmée existe depuis longtemps !
L’obsolescence programmée pousse les consommateurs à renouveler leurs appareils alors que ceux-ci pourraient encore être utilisés. Donc, de nouveaux équipements vont être produits, alors qu'on sait que la phase de production est la plus polluante. De plus, le fait de se débarrasser de ses anciens appareils va engendrer de nombreux déchets. Le recyclage des appareils numériques étant très coûteux, la plupart des déchets vont être envoyés dans d'autres pays, par exemple au Ghana (en Afrique). La délocalisation de ces déchets à l’autre bout de la planète engendre une grande production de CO2 dû au transport. De plus, les déchets vont s’accumuler dans ces pays, ce qui va provoquer une pollution du sol et de l’eau.
Tout d’abord, il faut essayer de se tourner vers des marques plus responsables qui produisent des appareils facilement réparables. On peut citer le Fairphone qui propose un téléphone complètement démontable et donc réparable, le lave-linge “L’increvable” conçu pour durer 50 ans et pour être réparé soi-même ou encore la marque Miele qui propose une garantie de vie de 20 ans. Il faut également veiller à rapporter nos appareils électroniques dans des centres de collectes adaptés afin qu’ils soient triés et recyclés au maximum. Pour éviter la production de nouveaux appareils, on peut également se tourner vers la seconde main. En effet, il est par exemple, très facile de trouver des jeux pour console à bas prix et qui fonctionnent parfaitement. Enfin, il y a également des décisions politiques à prendre pour réglementer les entreprises par rapport à l'obsolescence programmée.
OUI, il existe plusieurs types d’obsolescence programmée, qui poussent les consommateurs à racheter des produits plus vite que nécessaire. Voici quelques exemples :
Les défauts fonctionnels : Cela arrive lorsqu’une pièce d’un appareil cesse de fonctionner, rendant tout l’appareil inutilisable. Il est alors moins cher pour le fabricant de remplacer l'appareil par un appareil neuf plutôt que de réparer juste un pièce. Il en est de même pour l'utilisateur qui va penser qu'il est moins cher de racheter un téléphone plutôt que de le réparer.
La péremption planifiée : Certains logiciels ou applications cessent de fonctionner après un certain temps. Par exemple, une ancienne version d’un système d’exploitation peut ne plus être compatible avec les nouvelles applications, forçant ainsi l’utilisateur à acheter un nouvel appareil ou une mise à jour payante. Un exemple concret est celui des imprimantes : certaines marques, comme Epson, ont été accusées de programmer leurs imprimantes pour cesser de fonctionner après un certain nombre d'impressions.
La péremption indirecte : Dans ce cas, un élément essentiel d’un appareil (comme la batterie d’un téléphone) devient inutilisable, mais il est conçu de manière à ne pas pouvoir être remplacé. Ainsi, au lieu de simplement changer la batterie, l’utilisateur est obligé d’acheter un nouveau téléphone. Par exemple, certains modèles de smartphones Samsung ont des batteries intégrées qui ne peuvent pas être remplacées facilement.
L'obsolescence logicielle : Cela se produit lorsque les mises à jour logicielles ne sont plus disponibles pour les anciens appareils, les rendant incompatibles avec les nouvelles applications ou fonctionnalités. Par exemple, les anciennes versions de Windows ne reçoivent plus de mises à jour de sécurité, obligeant les utilisateurs à acheter une nouvelle version du système d'exploitation. Apple a aussi été critiqué pour avoir ralenti les anciens modèles d'iPhone avec des mises à jour logicielles, incitant les utilisateurs à acheter les derniers modèles.
L'obsolescence esthétique : Ce type d'obsolescence repose sur les tendances de la mode et le design. Les fabricants, grâce à des stratégies marketing, lancent régulièrement de nouveaux modèles avec des designs plus attrayants, rendant les anciens modèles moins désirables. Par exemple, les fabricants de smartphones comme Apple et Samsung sortent chaque année de nouveaux modèles avec des designs plus modernes et des fonctionnalités légèrement améliorées. En utilisant des publicités, des influenceurs et des campagnes de promotion, cela pousse les consommateurs à remplacer leurs anciens téléphones.
L’industrie du jeu vidéo génère des milliards d’euros chaque année. Pour continuer à vendre toujours plus, les fabricants de consoles et d’accessoires utilisent différentes stratégies économiques qui ont un impact sur l’environnement.
D’abord, ils appliquent parfois l’obsolescence programmée pour encourager les joueurs à racheter du matériel. Par exemple, les manettes Joy-Con de la Nintendo Switch ont un défaut récurrent qui oblige souvent les joueurs à en acheter de nouvelles. Cette stratégie permet aux entreprises d’augmenter leurs ventes, mais elle génère aussi une grande quantité de déchets électroniques difficiles à recycler.
Ensuite, les fabricants sortent régulièrement de nouvelles consoles et rendent parfois les nouveaux jeux incompatibles avec les anciennes versions. Par exemple, un jeu développé pour la PlayStation 5 ne fonctionne pas sur la PlayStation 4. Résultat : les joueurs sont incités à acheter une nouvelle console, ce qui représente un énorme profit pour les entreprises. La PlayStation 5, sortie en 2020, s’est vendue à plus de 3 millions d’exemplaires en un mois, rapportant des milliards à Sony.
Mais cet intérêt économique a un coût écologique. La fabrication des consoles et des jeux demande beaucoup de ressources naturelles, comme les métaux rares, qui s’épuisent rapidement. Il y a aussi l'impact carbone lié aux transports et à la distribution. De plus, les anciens appareils deviennent des déchets électroniques (appelés DEEE) qui polluent fortement, surtout dans les pays du Sud où ils sont souvent envoyés.
Les réglementations pour défendre les droits des consommateurs se font au niveau national ou au niveau de groupe de plusieurs pays, comme pour l'Union Européenne. Il n'existe pas de réglementation mondiale à ce sujet.
Prenons l'exemple de la Belgique, malheureusement, il n’y a pas de lois qui interdisent l’obsolescence programmée comme telle. En 2018, le gouvernement belge s’est réuni et a décidé de suivre les normes européennes, c’est-à-dire, avoir une garantie de 2 ans sur nos appareils numériques. En France, déjà en 2015, une loi interdisant l'obsolescence programmée a été rédigé et ils ont également demandé l’obligation d’avoir un indicateur de réparabilité sur ses appareils en 2020 afin d’informer le consommateur. Depuis, 2024, l'Union européenne a mis en place une obligation pour les entreprises d'avoir un indice de réparabilité et aussi un indice de durabilité pour les équipements.
Il existe aussi en Belgique, une application “Trop vite usé” qui permet aux utilisateurs de signaler un appareil quand sa durée de vie (d'utilisation) est trop courte . En 2018, 7 369 signalements d'appareils sont parvenus dont 1109 GSM et smartphones.
Concernant les jeux vidéos, il est important que les constructeurs comme Sony ou Nintendo rallongent la durée de vie de leurs consoles et produisent des jeux compatibles avec les anciens modèles. Il en est de même pour tous les équipements numériques (smartphones, objets connectés, ordinateurs, etc...). Il serait également utile d’obliger les entreprises du numériques à fournir des pièces de rechange et rendre leurs équipements facilement réparables.
Lors de l'achat, il est aussi important de se tourner vers des entreprises qui prônent la durabilité ou alors des équipements qu'il est possible de réparer. Nous avons vu que l'Union Européenne a par exemple obligé la présence d'un indice de réparabilité. Les consommateurs européens peuvent donc aujourd'hui se tourner vers des équipements numériques avec un bon indice de réparabilité en achetant un peu plus responsable.
Concernant les usagers, selon une étude réalisée par l’ONU en 2019, le recyclage et les collectes de déchets électroniques se montent seulement à 17,4% à travers le monde. Pour reprendre l'exemple des jeux vidéos, les anciennes consoles, plus vintages, fonctionnent encore très bien aujourd'hui. Afin de diminuer ces déchets, les utilisateurs doivent penser à donner ou vendre les anciennes consoles et n'importe quel équipement numérique ou les apporter à un centre de recyclage ou de réparation adapté.
Enfin, il faut aussi lutter contre l’obsolescence psychologique. Cela signifie que les marques nous influencent pour nous donner envie d’acheter les derniers modèles de consoles, de smartphones ou d’objets connectés, même si ceux que nous avons fonctionnent encore très bien. Pour éviter ce piège, il est important de ne pas se laisser influencer par les modes et de se poser une question essentielle : "Ai-je vraiment besoin de ce nouvel appareil ?".
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